Lumière
De cette obscurité perpétuelle, de ces ombres sempiternelles, il ne demeure plus que des doutes, des appels, à changer de vie, changer de route, pour que s'en invente une nouvelle, loin des injonctions permanentes, des instructions rémanentes, qui nous empêchent de voir cette réalité évidente : que l'on patauge dans l'absurdité, de manière permanente.
De ce brouillard envahissant, de ces nuages permanents, il n'est plus possible que se promener sous cette ombre prévisible où plus rien n'est en capacité de briller, étouffé par la phénoménale densité de cette atmosphère à la grisâtre généralisée, où le monde ne devient plus soudain qu'abstrait, avec une question sensée : qu'en a-t-on fait ?
De ce brouhaha infernal, de cette cacophonie magistrale, personne n'est plus en capacité de s'entendre ni de discuter, perdu dans les méandres de récurrentes pensées, où la priorité n'est plus de vivre, mais d'exister, avec une insistance à ne surtout pas remettre en cause cette course effrénée, sauf à admettre la vérité : que l'on ne sait plus ce qui l'on est.
Regarder de tous côtés donne l'impression de ne plus savoir où aller, quelle que soit la direction que l'on s'efforce d'emprunter. Il n'est pas question d'un défaut de volonté ni d'une manque de capacité, mais bien de l'incertitude face à la nécessité de changer les habitudes, sans comprendre de quelle manière le réaliser.
Chercher une issue n'est pas facilité par la peur de ne pas pouvoir en faire plus, de ne pas savoir comment aller vers cet inconnu, de quelle façon sortir de cette routine dont on ne veut plus, dans une urgence à devoir vivre comme on ne l'a jamais vu, au centre de soi et non plus azimuts.
Deviner comment s'extirper de ce que l'on ne supporte plus devient une priorité que l'on avait perdue de vue, distrait et occupé par tout ce qui nous tombait dessus, d'injonctions, de soucis, de perturbations qui nous font tomber des nues quand ce qui nous arrive ne correspond plus du tout à ce que l'on avait prévu.
À présent que le constat est posé, il n'est plus temps de tergiverser, mais bien de bouger ce qui nous empêche d'avancer, de jeter ce qui nous pèse de la tête aux pieds, de brûler qui nous encombre à nous étouffer, dans un élan de soulagement et de nécessité, à la fois heureux et fier de ce qui a été engagé.
Maintenant que l'évidence ne peut plus être contestée, il est vital de ne plus se gêner pour dégager ce qui obstrue la voie sur laquelle on s'est engagée, pour que le chemin que l'on aperçoit enfin ne soit plus que simplicité et légèreté, sans contrainte ni détour qui ne font que nous dérouter.*
Cette fois qu'il est acté que l'environnement au sein duquel on étouffait doit être équilibré, il n'est plus de temps pour hésiter et garder ce qui ne fait que nous aveugler, en un rideau de troubles et de contre-vérités, où l'on persisterait à voir double là où il n'est rien de particulier.
Dans une grande respiration manifestée, il nous appartient de prendre conscience du cul-de-sac où l'on s'était enferré, non pas pour se flageller et se réprimander, mais bien de se remercier d'avoir trouvé l'énergie et la sagacité de se ressaisir juste avant le moment où l'on n'en aurait plus la capacité.
Dans une gratitude qu'il est joyeux d'écouter, l'important est de se respecter, de ne plus subir ce qui nous empêche de progresser, vers ce qui nous aide à grandir et à explorer tout ce que le monde propose d’offrir, au lieu de se limiter ce que l'on s'impose de consommer.
Dans une joie qu'il est vital de sentir, l'essentiel est de s'émouvoir de plaisir et de désir, au sein desquels résident la clé de notre liberté, afin de ne plus concevoir la destinée comme un simple aller vers ce qui va nous enterrer, au lieu de saisir toutes les opportunités de vivre et de vibrer.
Dans une espièglerie qu'il est pétillant d'exprimer, il est piquant de se rendre compte que l'on a qu'une envie, celle de s'amuser, pour échanger et partager les trouvailles que l'on aura dénichées, surprenantes, distrayantes, étonnantes, plutôt que de se limiter à ce qui nous est donné sans discuter.
De cette obscurité, faire une lumière moirée ;
De ce brouillard, faire un puzzle coloré ;
De ce brouhaha, un silence feutré
pour entendre les pulsations de notre cœur enjoué qui se rit enfin de notre liberté.
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