Vanité
Tout ce que l’on a construit est sur le point de s’effondrer, dans une mise à l’équilibre d’un nouvel ordre annoncé, radicale et nécessaire mutation pour que l’on soit à même de redevenir le point de focal de notre horizon, et non plus des hâbleurs qui courent dans toutes les directions.
Assis sur ses possessions, l’homme ne veut rien lâcher de ce qu’il considère comme le fruit de ses ambitions, trophées et breloques octroyés après un marathon où il a toqué à toutes les portes sans hésitation, arrachant contrats, contacts et rétributions à tous ceux à qui il promettait le succès sans condition.
Ces masses d’objets et d’argent accumulées vont s’évanouir dans l’air comme de la fumée, en une sublimation et un retour dans la réalité, où l’essentiel n’est plus de compiler, mais bien d’être et de partager, en une généreuse communauté de sentiments et de pensées, afin retrouver la beauté que l’on avait oubliée.
Mettant à l’abri tout ce qu’il croit pouvoir sauver, l’homme refuse d’écouter les messages de prévention qui lui sont adressés, à la manière d’un enfant qui ne veut plus entendre ni apprendre des conseils qui lui sont prodigués, non pour le brimer, mais l’aider à avancer, pour sortir de cette succession de caprices infondés.
Le mouvement enclenché ne peut plus être arrêté, ce cataclysme qui va tout réinitialiser, en une remise à zéro plus que demandée, indispensable pour se débarrasser de tout ce qui encombrait, ces montagnes de débris et de déchets qui empuantissent le paysage de tous les côtés et le défigure en une décharge aux effluves empoisonnées.
Ne comprenant toujours pas ce qui se joue, l’homme ne cesse d’agir comme un fou, attrapant, arrachant, mutilant, jetant, brûlant, avec une inconscience qui confine à la démence, incapable à présent de ralentir cette fuite en avant, ce qui sonnerait le glas de ses illusions d’antan.
Un souffle irrésistible va dévoiler l’invisible, en un cadeau offert pour ne plus rester le nez collé vers la terre, mais enfin embrasser le ciel tout entier, à la mesure de nos possibilités ; un souffle qui va rappeler tout ce que l’on savait, mais que l’on avait oublié, par insouciance, par incapacité.
Attaché à ce qu’il considère comme sa propriété, l’homme ne saisit toujours pas qu’il ne pourra rien garder, à part ce qu’il a éprouvé, senti et écouté, en un apprentissage qui se réalise, non pas par le porte-monnaie, mais par la joie qui demeure à se confronter à ce que l’on peut dépasser.
La nécessité de cette remise à zéro ne peut plus être discutée, face à l’amoncellement des catastrophes annoncées, irrémédiables, inarrêtables, insurmontables, en une succession de calamités dont l’enchaînement constituera la mise en mouvement qui doit être initiée, afin de permettre un nouvel avènement, enfin débarrassé de ces pollutions accumulées.
Avec l’impossibilité d’envisager que les choses puissent se vivre autrement, l’homme fait comme s’il n’avait rien à modifier dans son comportement boulimique, dans son attitude fermée, s’obstinant à poursuivre ses gestes mécaniques qui n’ont plus aucun sens, plus aucun lien avec la vérité.
Il est étonnant de constater que les signaux qui ont été transmis, avec bienveillance et conscience pour expliciter ce qui a été dit, n’ont pas du tout été considérés, au contraire jugés comme déplacés et soufflés avec un mépris que rien ne justifiait, au regard des épreuves à traverser.
À choisir entre deux maux, l’homme privilégie celui qu’il connaît, refusant d’apprendre de ce qui pourrait l’aider à grandir et évoluer, envisageant sans ciller sa destruction, au lieu de saisir la chance qui lui est donnée de faire mieux que ce qu’il a jusqu’ici proposé, en un aveuglement singulier.
Devoir ainsi annihiler tout ce qui avait été créé d’unique, de parfait, parce qu’il n’est plus possible de le distinguer dans la masse confuse au sein de laquelle l’humanité est en train de se noyer est une douleur assumée par l’urgence de ne pas laisser la situation empirer, avant que plus aucune échéance ne puisse être posée.
Cloîtré dans son palais qu’il a saturé de possessions et d’objets, en un simili ursidé qui s’apprêterait à hiberner, l’homme ne se rend pas compte du danger qui s’en vient frapper à la porte de sa destinée, certain que ces pauvres murs qu’il a édifiés suffiront à contenir l’ouragan qui va déferler.
L’examen qui a déjà débuté ne vise pas à punir ni à sanctionner, mais à montrer combien l’on s’était égaré sur ce chemin qui ne conduisait plus que dans un abîme insensé, au lieu de ce ciel et ces étoiles qui nous ont toujours guidés, avec patience, avec bienveillance, avec générosité.
Quelles que soient ses actions, l’homme ne peut plus échapper à cette révolution, qui lui offrira ce qu’il avait toujours désiré, mais sans plus de rapport avec ce qu’il était, enfin libre et libéré de ses démons qui l’accaparaient, en une danse de mort et de vanité, pour que lui soit enfin permis l’avènement qu’il méritait.
Ces temps intenses qui sont enclenchés ne distinguent plus les erreurs des fautes cumulées, en un radical coup de balai, pour que se mette en place l’équilibre qui manquait, afin d’ouvrir à l’autre, au monde entier la juste et pleine renaissance qui lui offrira de rayonner sans plus de limites dévoyées.
Quand l’homme aura assimilé ce qui vient d’arriver, il n’y aura plus de doute ni de regret, mais la gratitude d’avoir eu la chance de se réinventer, pour vibrer et se sentir vivant de la tête aux pieds, enfin à la place dans la création qui l’entourait, non plus un danger ou une menace, mais l’ange qu’il a toujours été.
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