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Décollage

Il est attendu depuis si longtemps, ce moment où l’on peut enfin prendre son élan, s’émanciper et rejoindre cet endroit auquel on rêvait, en une évasion qui tient de l’illusion, tant a été interminable cette attente pour aboutir à cette destination.

Il n’était pas question de ne rien faire pourtant, durant toutes ces années de tourments et de questionnements, à la recherche de la prochaine issue, du tournant suivant qui aurait permis de continuer sans ces freins évidents.

La succession des échecs, après toutes ces révolutions, finissait par nous épuiser, au regard de toute l’énergie dépensée, des ambitions avortées, des synergies tronquées et des résultats biaisés.

Le plus curieux, à bien y regarder, est de voir à quel point on a malgré tout avancé, en dépit des handicaps et des boulets, en s’efforçant de ne jamais renoncer, même si on avait le sentiment d’être martyrisé.

Les plus étonnant est de constater que l’on a pourtant rien changé à ce que l’on est, mais que l’on a cependant évolué, sans en prendre conscience, grâce à notre persistance, dans une transformation qui permet ce changement annoncé.

Le plus déroutant est de ne pas voir ce que l’on aurait fait de différent, de surprenant, d’inconvenant pour que cette fois-ci, la roue se mette à tourner dans le bon sens : celui de notre félicité.


Réaliser que ce que l’on espérait est sur le point de se concrétiser, sans que l’on n’ait plus rien à faire, à part profiter de ce qui va se proposer, nous laisse dans une profonde perplexité, face à une telle facilité.

Constater que chaque détail se met en place sans qu’il soit nécessaire d’intervenir, de loin ou de près, nous incite à une profonde nostalgie que ce processus ne se soit pas manifesté alors que l’on trimait.

Admettre que le plus dur est fait, dans un soulagement dont on avait oublié les bienfaits nous questionne au plus haut point, comme si l’on avait oublié une information en chemin et que l’on découvre soudain que l’on avait tout fait bien.


Attentiste pour une fois, on prend le temps de savourer ce que l’on voit, les autres qui braillent, tandis que l’on reste coi, la majorité qui travaille, alors qu’on a trouvé notre voie, avec des journées qui s’enchaînent dans la joie.

Passif quoi qu’il en soit, on assiste aux ballets de ceux qui ont perdu la foi, dans la quête, eux aussi, de ces réponses qui vont arrêter ces questions qui tournent dans leur tête, à donner le tournis.

Relâché in extremis, on profite de ne plus à avoir à donner de tour de vis, de serrer des boulons ou de rafistoler nos rêves qui se désagrégeaient, pour les observer planer dans le ciel, en cerfs-volants colorés.

On se sent enfin porté par un élan que l’on avait oublié, à force de batailler à chaque instant, juste pour avancer un pied et enchaîner avec le suivant, dans un combat homérique que personne ne voyait.

On perçoit enfin l’horizon qui s’éclaire, en un vaste ciel empli de lumière, avec des paysages à couper le souffle, là où avant, on avait le sentiment de ne pas arriver à sortir d’un gouffre effrayant.

On éprouve enfin le soulagement après lequel on courait, tous ces jours à ne pas savoir si on tiendra jusqu’à l’aube encore cette fois-là, après avoir progressé à tâtons, en se cognant aux parois.


Décollage - www.laurenthellot.fr

La légèreté qui nous gagne ne manque pas de nous déstabiliser, là où avant, tout semblait peser une tonne, quoi que l’on puisse toucher, alors que se lève un vent de liberté et qu’il nous emporte vers les nuées.

Le chant d’allégresse que l’on entonne suit un air que l’on connaît, mais si longtemps fredonné pour ne pas se sentir abandonné, alors que cette fois-ci, il résonne par monts et vallées.

La facilité avec laquelle se dénouent tous les nœuds que l’on avait faits, d’abord pour se maintenir, puis pour s’enfermer, nous donne l’impression que l’on tisse une nouvelle trame de notre destinée.


À cet instant où tout semble nous être pardonné, en un juste retour de tous les efforts que l’on a faits, il est autorisé de savourer et de prendre plaisir à ce qui nous est donné, ce que l’on avait omis de pratiquer.

À cet instant où le compte à rebours est terminé, en un calcul logique et mesuré vu le temps qui a passé, il est normal de mettre de côté montres, horloges et autres chronomètres dépassés, pour admirer le soleil qui va se lever.

À cet instant où l’on tremble de la gratitude éprouvée, et non plus des peurs qui nous terrassaient, il est joyeux de s’entendre dire, à haute voix, les yeux levés :


« j’ai réussi, et j’en suis honoré »

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