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Impatient

La volonté n’est pas l’élément qui bride les envies et les idées. Au contraire, elle accompagne cet enthousiasmant élan pour qu’enfin soient déposé devant soi tout ce que l’on a toujours rêvé depuis enfant, ces cadeaux à volonté, cette reconnaissance indiscutée. Elle ne retient qu’un seul mantra à exposer : ose, et tu obtiendras ce que tu as demandé.

L’hésitation n’est pas ce qui empêche de galoper à fond, au contraire galvanisé par cette évidence que tout peut arriver, pour peu que l’on persiste à foncer vers l’objectif que l’on s’est assigné, cible lointaine peut-être, mais vers laquelle on reste focaliser afin de la transpercer en son centre et de récolter le trophée.

Les doutes ne sont pas de la partie, sur cette route que l’on a empruntée et consiste à satisfaire toutes nos envies, de la première idée que nous réussissons à concrétiser à la prochaine qui va nous traverser l’esprit, dans une ébouriffante et complète frénésie, de celle qui nous rappelle que l’on a qu’une seule vie.


Chaque jour qui se lève n’est que l’opportunité d’accéder à ce que l’on a pas encore possédé, consommation vorace confinant à la férocité, où se contempler dans la glace ne doit durer qu’un instant pour se congratuler, avant de repartir dans le vent porter les rêves que l’on se doit se matérialiser.

Chaque heure qui sonne demeure le rappel qu’à part nous, personne ne saurait accomplir ce que l’on a imaginé, urgence absolue d’assumer ce que nous sommes les premiers à envisager, le succès incontestable, la majorité des concurrents dépassés, la totalité des récompenses sur la table, parce que justifiées.

Chaque seconde qui déboule est notre sang qui s’écoule, fuite d’une vitalité que ne saurait être rattrapée une fois que le temps est passé et que rien au monde ne pourra remplacer, une fois cette perte actée, alors il n’est pas question de se reposer dans cette conquête de notre identité.


Ce que l’on a d’ores et déjà bâti est sur le point de s’écrouler, mais cela ne présente pas la moindre importance, car nous sommes sur le point de construire notre prochain palais, encore plus somptueux, encore plus élevé, à la hauteur des ambitions que nous avons posées : immenses, disproportionnées.

Ce que sont nos envies ne peut être défini sans se voir dénaturé, à peine pensées qu’elles sont déjà fanées, dans une frénésie de toutes les expérimenter, sans attendre, sans regret, dans une consommation qui confine à la férocité, pour déchirer à belles dents tous les plats de ce festin qui ne s’arrêtera jamais.

Ce qui nous importe vraiment a été oublié, en vérité, remplacé par la prochaine nouveauté qui passera à notre portée et finira dans notre escarcelle pour être compilée, digérée, rejetée et aussitôt remplacée par la suivante qui ne manquera pas de nous attirer, à moins qu’il ne s’agisse juste de ne pas s’arrêter.


Impatient - https://www.laurenthellot.fr/

La différence entre l’énergie et la chaos ne se trouve pas réellement définie dans notre existence qui n’est plus censée qu’être vécue sur la crête, tout en haut, pour que l’on remarque bien notre tête et notre drapeau, étendard qui tranche devant la majorité de ces autres qui ne sont que des vassaux.

L’importance ne devient plus de conquérir de nouveaux idéaux, mais de resplendir bien plus qu’il n’en faut, en étoile artificielle qui ne brille que par la combustion permanente de ses oripeaux, à peine endossés qu’ils sont carbonisés pour être remplacés par de nouveaux atours qui ne vont pas durer.

L’urgence n’est plus que d’accélérer pour atteindre le futur objectif envisagé afin de se l’approprier, l’asservir et le dominer pour qu’il complète une collection qui ne sera jamais terminée, sorte de course où la raison a sombré dans tous les excès, sans plus de considération pour qui l’on est.


La seule question qui importe cependant, au-delà de cette cavalcade en avant, est la nature même de cette obsession à la possession, où l’idée n’est même plus de jouer, mais de gagner, à tout prix, quoi qu’il puisse en coûter, de sacrifice et de déni entre ce qui devrait réellement importer, et ce après quoi nous courons sans arrêt.

La seule interrogation qui vaille serait celle qui détermine l’enjeu de ces batailles, ces conquêtes sans fin vers un autre destin que celui que l’on envisageait et qui se doit d’être transcendé par tout et n’importe quoi que nous pourrons afficher dans la vitrine de notre fatuité.

La seule problématique qui doit s’imposer ne devrait pas d’être unique, mais d’assumer sa singularité sans en faire la principale caractéristique de notre humanité, symbole prétentieux et que nous voulons magnifique pour qu’il resplendisse pour l’éternité en mémoire de notre mausolée.


Dans cette folle insolence où la vitesse devient la seule qualité, il est temps de considérer que l’impatience ne nous mènera pas plus loin que le bout de notre nez, virgule insignifiante et bizarre qui ne présente que l’intérêt que l’on veut bien y accorder, c’est-à-dire nul, tant que l’on reste autocentré.

Dans cette évidente décadence dans la valeur que l’on pourrait s’attribuer, il ne ressort qu’une évidence, celle de la vanité, où nos petits trésors se devraient d’être glorifiés, alors que nous n’en garderons pas un au travers de la mort qui est notre fatale finalité, définitive et transcendante ligne d’arrivée.

Dans cette consternante outrecuidance où l’on juge que nos souhaits doivent devenir des réalités, il ne transparaît que le vide de toute qualité, dans une incapacité magistrale à comprendre l’essence même de notre nativité, la chance magique d’exister, n’est pas de galoper sans arrêt, mais de s’efforcer de grandir et de partager.


L’écoulement du temps n’a aucune espèce de réalité, au regard de l’importance d’embrasser sa liberté, cadeau astronomique qu’aucune jauge n’arrivera à évaluer. Alors revenons à ce qui est l’essence même de la richesse d’exister : le privilège d’arpenter cette Terre, dans ce creuset d’humanité.


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