Verdure
L'écrin dans lequel on est posé rassemble la douceur d'un cocon et la lumière d'un soir d'été, chaud et douillet, calme et apaisé.
Le lieu au sein duquel on est arrivé ressemble à celui que l'on a toujours rêvé, unique et parfait, magique et idéalisé.
Le moment où cela est concrétisé assemble tous ces jours durant lesquels on a couru, égaré et épuisé, perdu et affolé.
Dans cet espace clos, enveloppant et sécurisé, l'on se redécouvre en enfant qui ose à s'abandonner.
Dans ce paysage nouveau, heureux et détaché, l'on se rappelle combien la vie peut aussi célébrer.
Dans cet environnement beau, magnifique et insensé, l'on s'autorise le luxe de ne pas se juger.
Plus un immeuble n'est en vue, ni asphalte à perte de vue ; ne demeure que la foisonnance généreuse d'une Nature bienvenue.
Plus un embouteillage n'est apparu, ni coups de Klaxon impromptu : ne demeure que la bienveillance joyeuse d'un silence étonné.
Plus une foule dans les rues, ni bousculades malvenues : ne demeure que la surprise singulière d'une liberté entière.
Il n'est pas évident de se rappeler comment l'on a atterri dans ce qui tient lieu de paradis personnalisé.
Il est incompréhensible de se sentir, pour une fois, à une place particulière qui n'est pas disputée.
Il est surprenant d'admettre combien il est agréable de ne plus avoir à se battre contre tout, à présent.
Du cœur de cette oasis inespérée, l'on se prend à croire à un monde où rien ne serait à redouter.
Du centre de cet îlot insoupçonné, l'on s'imagine être enfin ce conquérant dont le repos est mérité.
Du milieu de cette retraite ouatée, l'on s'octroie ce ressourcement à la nécessité recommandée.
La variété des tons qui nous entoure donne à l'espace un air de canopée aux couleurs illimitées.
La densité des parfums qui nous laissent enivrés emporte nos sens dans des contrées inusitées.
La multiplicité des mélodies qui nous bercent sans arrêt incite notre esprit à oublier ses pensées.
De cette retraite à explorer, l'on se pose et se contente de respirer, à l'écoute de nos besoins et désirs si souvent ignorés.
De ce havre à appréhender, l'on se repose et se prend à exhaler, toutes ces frustrations et souffrances si souvent endossées.
De ce refuge à examiner, l'on se dépose et s'étend de la tête aux pieds, sans masque ni artifice si souvent exhibés.
La sensation de confort et de volupté emporte dans des trésors d'apaisement et de félicité, en un voyage vers la vérité de qui l'on est.
La perception de bienveillance et de générosité confère à une régénération intense et incomparée vers le renouveau de notre identité.
La construction de nos espoirs et de nos vérités galvanise une énergie que l'on avait oubliée, vers l'ambition de se réinventer.
Cet écrin n'est pourtant pas caché ni réservé ; il est à chaque pas sur le sol que l'on continue de fouler. Il est cet arbre dont l'ombre nous offre de souffler. Il est cette herbe qui nous permet de nous allonger. Il est ce champ dont les graines vont nourrir nos banquets. Il est partout où nous regardons, journée après journée, dans un monde où nous avons oublié le lien qui nous relie à cet environnement tout entier, cette évidence que l'on a reniée, cette joie que l'on sent à respirer, cette soif de s'abreuver de beauté, ce plaisir que l'on partage à explorer tous les miracles que la Terre s'offre de dispenser, sans compter, sans juger, sans réclamer, juste et pleine prodigalité.
Ce lieu n'est pourtant pas préservé ni protégé ; il est ouvert à qui prend le temps de l'explorer, en confiance, sans préjugés. Il est ce murmure que l'on entend dans la forêt. Il est ces ramures qui dessinent une fée. Il est ce souffle qui invite à rêver. Il est multiple dans ses possibilités, sans limite, à part celles que nos craintes vont poser autour d'une vaste et totale liberté, d'apprendre, de sentir, d'expérimenter, afin de grandir et de dépasser la somme des connaissances qui nous ont été inculquées pour jaillir comme la sève d'une branche de laurier lorsque le printemps l'incite à se démultiplier, comme nos vies, pour que l'on comprenne enfin ce que signifie exister.
Le moment n'est pourtant pas limité ni décompté ; il est de tous les instants où l'on prend le temps de se connecter au cœur de notre réalité. Il est cette joie qui nous saisit quand l'on se sent aimé. Il est cette fierté qui nous grandit quand l'on a accompli ce que l'on espérait. Il est ce bonheur qui nous emplit quand on a trouvé la place que l'on rêvait. Il est de chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure écoulée, pour nous rappeler que le temps n'a pas de rapport avec nos capacités et nos chances de vibrer, par la grâce d'un sourire, d'un échange qui se crée pour que nos vies ne soient pas de celles desséchées par la peur ou le déni, dans cette Nature qui nous accueille tel que l'on est.
À nous maintenant de partager autant et plus qu'il nous a été donné, par cette Terre sans laquelle nous ne serions que des poussières d'éternité.
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